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vendredi 6 octobre 2017

Catalogne : Le jour où les slovaques ont divorcé des tchèques.

Hável-Mečiar: Divorce de velours pour l'indépendance slovaque

C’était en juillet 1992.
Depuis à peine 3 ans, la Tchécoslovaquie s’est libérée de l’occupation soviétique, a retrouvé la démocratie, s’est transformée en fédération tchèque et slovaque et a élu un Président, le charismatique Václav Havel, écrivain, homme de théâtre, militant des droits de l’homme, moult fois emprisonné pour ses convictions démocratiques.
Havel se rend à Bratislava pour ce qui sera son dernier voyage officiel dans la capitale de la Slovaquie. En juin 1992, les élections ont porté au pouvoir en Tchéquie, le parti conservateur de Václav Klaus, en Slovaquie le parti populaire de Vladimir Mečiar, l’ancien dirigeant du parti communiste local. Majoritaire au Parlement slovaque mais avec seulement 35 % des suffrages, il pousse pour l’indépendance. Avec son voyage, Václav Havel tente de convaincre qu’il y a plus de points communs que de différences entre les tchèques et les slovaques, ces slaves de mêmes origines qui parlent presque la même langue, mais les uns ayant été occupés pendant 400 ans par les autrichiens et les allemands, les autres par les hongrois. Ils partagent souvent les mêmes héros: Comme Dubček , le père malheureux du Printemps de Prague de 1968, réprimé par les chars soviétiques, qui était slovaque. Et pendant la seconde guerre mondiale, les nazis pour dépecer la Tchécoslovaquie, avaient créé un Etat fantoche fasciste en Slovaquie.
Frustration à l’égard de Prague qui attire tous les regards au détriment de Bratislava ? Volonté de pouvoir de Vladimir Mečiar ? Le pacifiste et humaniste Havel n’arrivera pas a éviter le divorce. Ce jour-là des manifestants indépendantistes très manipulés le conspuent, bousculent un peu sa voiture dans les rues de Bratislava. Il remonte au château qui domine la ville et qui est la résidence présidentielle quand il vient en Slovaquie. Fatigué, désabusé, il nous confiera : « C’est fini, nous allons nous séparer. Oh! ce sera sans violence, il n’y a pas de haine, que du regret » « Et il ajoutera : « Vous feriez mieux de vous intéresser à ce qui se passe de l’autre côté de la frontière, en Yougoslavie. Là-bas cela va être dramatique ». A l’époque l’ambassadeur de France à Belgrade expliquait que si la Yougoslavie devait éclater de quelque chose, ce serait de rire.
Quelques jours plus tard, le 17 juillet, l’Assemblée slovaque vote une déclaration sur l’indépendance. Vačlav Havel démissionne. Le 1er janvier 1993, sans référendum, la Slovaquie devient indépendante.
A l’époque on la voyait mal partie, toute seule, séparée de la plus riche et plus peuplée Tchéquie. Et puis non, finalement. Des deux pays, c’est elle qui s’en est le mieux sortie, profitant habilement de sa proximité avec la très dynamique Autriche. A peine 70 kilomètres entre Vienne et Bratislava. A Prague au contraire, des gouvernements médiocres ont déçu les tchèques.
Une indépendance sans violence donc, on l’a appelée le « divorce de velours », qui n’a pas conduit à la catastrophe. Mais était-ce si stupide que cela de faire vivre ensemble les slaves d’Europe centrale ?

L’Espagne n’est pas la Tchécoslovaquie, la Catalogne n’est pas la Slovaquie, le Président du gouvernement Mariano Rajoy n’est pas - loin s’en faut - Václav Havel. En revanche à Barcelone, le Président catalan semble partager la même détermination que Vladimir Mečiar en 1992.

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